Patrice raconte :
Chaque été nous rentrions en « France » pour les grandes vacances, en juillet à Eyrans chez « Bon-Papa d’Eyrans », et en août et septembre à Fieux, chez « Bon-Papa de Fieux ». Nous étions à Fieux lorsque la guerre éclata à la fin de l’été 1939. Je me souviens quand Maman a appris la mobilisation de Papa : elle épluchait les légumes pour les mettre dans la marmite de soupe, et ses larmes silencieuses accompagnaient les morceaux de légume dans la marmite. Papa a été mobilisé comme capitaine de spahis. Nous ne sommes pas retournés au Maroc.
Il a fait la guerre assez brièvement: il était à Ceyzériat qui est un camp militaire au sud du Jura (dans l’Ain) quand l’armistice a été signé. Dans les conditions de l’armistice, la France avait le droit de garder 100 000 (?) hommes dans la zone libre et dans l’Empire Français, et il est reparti au Maroc. Il nous a envoyé des photos, et sur l’une d’elles il avait caché un des personnages: un soldat, un malheureux tirailleur Marocain contestataire, qui n’avait pas voulu se mettre au garde-à-vous devant le drapeau français .
Angoulême 1939 – 1940 ?
Patrice raconte :
En septembre 1939, par l’intermédiaire des Rauglaudre nous avions pu louer une maison à Angoulême (31 rue Saint-Martin). La maison était tout près du pont du chemin de fer, et nous avions toujours peur qu’un bombardement mal ajusté nous tombe dessus ! J’allais à l’école primaire (en 7ème) au cours Saint-Paul (le collège de Monsieur Mittérand !) , les filles allaient à Chavagnes (comme Mme Damour, la bouchère de Mareuil !).
Gilles était déjà en France : en effet; il jugeait que les jeunes Français de son lycée marocain étaient infréquentables : gosses de riches, ne pensant qu’à s’amuser, méprisant les autres. Après avoir vérifié que l’oncle Lud était prêt à les accueillir Il avait demandé aux parents de permettre à Jacques et lui de poursuivre leurs études en France, pensionnaires à Périgueux, logeant chez l’oncle Lud en dehors des périodes de classe. Ils ont passé 2 ans chez l’oncle Lud.
Le 24 juin 1940, Jacques m’avait emmené sur le bord de la Charente pour m’apprendre à nager. C’était mon parrain, et il a toujours été aux petits soins pour moi, me prenant sous son aile. Nous rentrions en vélo lorsque les Allemands sont entrés dans Angoulême. Panique ! Tout le monde filait ! Nous avons pédalé à toute allure, et j’ai eu l’annulaire gauche écrasé contre une voiture (d’où ma cicatrice). Je me rappelle Jacques me disant « Oh malheureux , qu’as-tu fait ! » Ca saignait très fort. Jacques a planqué nos bicyclettes et s’est débrouillé pour m’emmener à l’hôpital militaire (qui était en fait le cours Saint-Paul transformé en hôpital). On y soignait des soldats, aussi bien Français qu’Allemands, qui hurlaient ou gémissaient. Une infirmière a soigné mon doigt, mais il n’y avait plus d’anesthésique. J’ai souffert le martyre ! ils ont arrêté le sang qui coulait et recousu, mais ils n’ont pas fignolé, c’est pour ça que j’ai gardé cette cicatrice, qui me complexait beaucoup. A l’adolescence ça me permettait d’affirmer que je ne pouvais pas me marier, car il m’était impossible de porter une alliance 😉 !Au retour à la maison, Maman a pris soin de moi, et ça a été l’un des rares moments de câlins de ma vie. J’ai même pu dormir dans son lit !
A l’armistice en juin 1940, 100 000(?) soldats sont restés dans l’armée d’Afrique, y compris Papa. Angoulême se trouvant en zone occupée, notre famille quitte Angoulême pour Fieux, qui était en zone libre. Puis à Périgueux ??, chez l’oncle Lud, 6 rue du Bac. Il y avait 3 pièces ajoutées à sa maison, où nous étions. Ensuite ce sont les Courtey qui s’y sont installés. J’ai été scolarisé à Saint-Joseph et les sœurs à Sévigné. On m’a obligé à être louveteau, pour me sortir la tête des livres. Mais bien sûr ma tenue n’était pas règlementaire : Maman l’avait bâtie tant bien que mal avec les chiffons qu’elle avait pu trouver. En 1942, l’école a été interrompue, et c’est Monique et Papa qui me faisaient l’école à la maison.
Nous avons quitté Périgueux au retour de Papa en 1943 (contradictoire avec ci-dessus ??), pour aller xxxx.
En 1943 la famille habitait Subreroches (près de Brantôme), où Bruno est né. Ils tenaient la ferme de La Thaumane. Il y avait 2 vaches : Agathe et Sophie.
Patrice raconte :
Je devais être le parrain de Bruno. A sa naissance, j’étais pensionnaire à Saint-Joseph. Mon père a téléphoné à « Cul-plat » (le supérieur de Saint-Jo), pour lui demander qu’il me mette dans le tacot pour rentrer à Subreroches. « Cul-plat » était furieux, mais pour cette belle raison religieuse il n’a pas pu faire autrement qu’accepter. Il faisait nuit quan je suis parti. Le tacot est tombé en panne dans la côte de Puy de Fourche, à une quarantaine de km de Périgueux. La SNCF nous a alors demandé de nous débrouiller pour prendre un car. J4ai montré ma carte de famille nombreuse au chauffeur du car afin de bénéficier du tarif réduit. Il m’a dit qu’il n’y avait pas de tarif « famille nombreuse » pour son car, et j’ai dû payer un billet plein tarif. Quand j’ai annoncé ça à Maman en arrivant, elle a trouvé que ce baptême lui coûtait bien cher !!.
En 1943, quand les Allemands ont envahi la zone sud, Jacques a été embarqué au STO.
Nous étions à Subreroches (après la guerre) quand nous avons reçu l’avis officiel de la mort de Jean. Monique et Geneviève, pas Nicole parce qu’elle était trop jeune, se sont mises à pleurer, à sangloter… Pauvres filles… elles avaient un souvenir charmant de leur oncle. J’étais étonné. C’était un avis envoyé par la Croix-Rouge
1945 – 1956 : Monplaisir
Une belle maison, une centaine d’hectares (dont 80% de bois), quelques vaches, cochons, un cheval, 200-300 poules ( !! ). La maison était louée meublée (très beaux meubles anciens). Le cheval s’appelait Fantasque; il n’aimait pas Bonne-Maman, et renversait systématiquement son panier de noix quand elle allait ramasser ds noix dans son pré ! Des ouvriers agricoles les aidaient. Il y avait des cultures de blé et de tabac (« très fatiguant la culture du tabac ! » dit Bruno, qui se souvient.).
Bruno y a été élevé à peu près seul, ses aînés étant plus âgés, mais se souvient d’une maison toujours pleine, de nombreuses fêtes, on dansait… Monique, Geneviève et Nicole s’y sont mariées, puis y sont venues avec leurs enfants.
1956 – 1960 : Périgueux
Lorsque le propriétaire a vendu Monplaisir, Bon-Papa et Bonne-Maman se sont installés à Périgueux,
1960 – La Ricamarie, avant de déménager à Saint-Etienne (où Bruno a terminé sa scolarité à Fauriel), puis à Saint-Chamond, 17 rue du Général de Gaulle. Bruno habitait place Fourneyron chez les Cadart jusqu’au départ à l’armée en 1963